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28/11/2006

Ruses & légèretés d'esprit - III -


Hypocondrie, paranoïa, misanthropie, délires mystiques : j’ai tous les symptômes de l’écrivain en devenir.

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Le voyou voyant sa propre misère dit : - J’aurais dû écouter ma mère !
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La mort de Dieu, c'est le plus grand mensonge du diable.
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- Que faites-vous en ce moment ?
- Je travaille à l’immortalité de mon âme.

Commentaires

Moi, je travaille à la mortalité de la mienne, cher Saint Gilles. J'aime bien le mensonge du diable... Nietzsche était-il donc diabolique ?

Écrit par : Le Uhlan | 30/11/2006

Tous les écrivains travaillent - consciemment où non - à l'immortalité de leurs âmes; sinon pourquoi écrire, si ce n'est pour perdurer? c'est d'ailleurs cette volonté d'immortalité qui caractérise Nietzsche et a fait de lui un génie.

Nietzsche a fustigé avec raison un certains moralisme de l'église mais Dieu en tant qu' "Être" ne fut pas remis en cause, il le dit lui-même quelque part, je cite de mémoire:"Seul le Dieu moral est réfuté". Il y a également cette phrase terrible de Nietzsche que j'aime à citer et qui, à mes yeux, est un véritable aveu d'échec : "Depuis que Dieu n'est plus, la solitude est devenue intolérable. Quand on ne trouve plus la grandeur en Dieu, on ne la trouve plus nulle part, il faut la nier ou la créer." - La volonté de Puissance -

En décrétant la mort de Dieu au nom de sa propre autonomie, l'homme s'est en fait aliéné à lui-même et a ,sans le savoir, fait allégeance au Prince de ce monde. Nietzsche prophétisa cette réalité diabolique (qu'on appelle également l'avènement du nihilisme) que nous vivons aujourd'hui.

Écrit par : Saint Gilles | 02/12/2006

Nietzsche se préoccupait moins de l'immortalité de son âme (à laquelle il ne croyait pas) que de la postérité de son oeuvre, à laquelle il croyait ou voulait croire en la concevant comme l'Evangile des temps nouveaux.

Il poussait tellement loin la comparaison avec la religion chrétienne et même la rivalité mimétique avec le Christ qu'il signait sa correspondance (à la fin en tout cas, avant le basculement dans la folie) du nom du Crucifié ou de Dionysos.

Du point de vue strictement philosophique, il est difficile de tirer Nietzsche du côté de Dieu. Ce qui l'intéresse, c'est l'idée de Dieu, qui pour lui, ne demeure qu'une idée et qui lui paraît morte, et dont il ne reste qu'une moraline qu'il pourfend (à raison).

Fondamentalement, il ne croit pas à une transcendance, à un arrière-monde ; il ne croit qu'à un seul monde, celui-ci, gouverné par la loi de l'éternel retour. Par sa philosophie à coup de marteau, il entend même détruire les dernières idoles religieuses (notamment) et achève, ce faisant, la destruction de la métaphysique occidentale (cf. Heidegger).

Pour autant, il ne se satisfait pas de la mort de Dieu, car il sait qu'elle entraînera celle de l'homme, à moins d'un sursaut, d'un saut vers le surhumain. En ce sens, Zarathoustra est bien conçu comme le prophète d'une surhumanité qui pourrait prendre la place, laissée vacante, de la divinité. Mais n'est-ce pas une vaine espérance ?

Écrit par : Le Uhlan | 03/12/2006

J’ai beaucoup admiré Nietzsche pendant mon adolescence, j’ai lu avec passion toute son œuvre et la plupart des livres écrits sur lui et sa philosophie, j’ai même suivi ses traces dans le sud de la France… Mais aujourd’hui, avec un peu de recul, Nietzsche me paraît être un monstre de contradictions et d’orgueil, un homme-dieu sans Dieu, un autophobe frustré qui, par manque de religion, est devenu fou (lire à ce sujet l’excellente analyse de Weininger, dans son livre « des fins ultimes »)

Le génie de Nietzsche fut de prévoir à l’avance l’écroulement de la civilisation dite moderne mais ses attaques répétées contre le Christ et le christianisme sont souvent puériles et loin d’être pertinentes. Marx, Freud, Feuerbach sont, pour moi catholique, de plus grands adversaires.

Bon nombres d’imbéciles aujourd’hui se revendiquent de Nietzsche et caricaturent sa pensée, je pense à ces deux écrivains de la pire espèce que sont Sollers et Onfray : un esthète décadent et un hédoniste freudo-marxiste ! Nietzsche doit se retourner dans sa tombe !

Plus sérieusement, Uhlan, je vous conseille la lecture de deux ouvrages fort éclairants sur le philosophe à moustache : un de Karl Löwith qui s’intitule : « Nietzsche : Philosophie de l’éternel retour du même » qui met bien en avant toutes les apories de la pensée Nietzschéenne, et un autre de Gustave Thibon « Nietzsche ou le déclin de l’esprit » qui s’attarde plus sur le drame intérieur vécu par le philosophe.

Écrit par : Saint Gilles | 03/12/2006

Il y aurait beaucoup à dire sur la psychologie de Nietzsche, c'est certain. Surtout quand on connaît certains détails de sa biographie...

Il y a deux Nietzsche en vérité : un immense penseur qui a tout compris, tout prophétisé, et un petit homme qui, sa vie durant, a souffert d'une double solitude intellectuelle et affective, pour ne pas dire sexuelle. Weininger n'est pas dans le faux, même si lui-même, dans son genre, était assez particulier...

Certains qui aujourd'hui se réclament de Nietzsche, particulièrement les deux que vous citez, sont amusants, en effet. Sollers n'a pas grand-chose de nietzschéen, et Onfray appartient à un courant nietzschéen de gauche qui, personnellement, m'a toujours fait rire.

Pour finir, j'ai lu Löwith, mais non Thibon. Le thème de l'Eternel retour, du Même ou non, chez Nietzsche est éminemment problématique, et nous entraînerait un peu trop loin.

Écrit par : Le Uhlan | 03/12/2006

"La mort de Dieu"... mais qui est mort ?
Dans la parbole du "Fils prodigue", le fils réclamant son héritage déclare que son père est mort.
Lorsqu'il revient, lamentable, le père l'accueillant déclare "mon fils était mort, et voici qu'il est revenu à la vie".

Écrit par : Albocicade | 26/02/2008

Nietzsche lui-même l'a dit par ailleurs... seul est réfuté le Dieu Moral...

Écrit par : Nebo | 28/05/2009

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